Pourquoi trop de ruches en ville nuit à la biodiversité des abeilles ?

Pourquoi trop de ruches en ville nuit à la biodiversité des abeilles ?

2 mars 2020 Non Par Carine

De nouveaux habitants ont trusté les toits des grandes villes ces dernières années : les abeilles. C’est même devenu la mode et la tendance. Certes, derrière cet enthousiasme, il y a un souci de préserver cet insecte si important dans l’écosystème et qui dépérit, mais l’augmentation de la densité des ruches en milieu urbain a un impact négatif dans la biodiversité. Explications.

Une concurrence avec les autres pollinisateurs

Des études menées par les experts du département de zoologie de l’Université de Cambridge, et appuyées par la spécialiste de l’écologie de la pollinisation, la professeure Isabelle Dajoz de l’Université Paris-Diderot, ont mis en évidence que la présence d’une forte colonie d’abeilles domestiques peut nuire à la biodiversité. En effet, ces dernières sont des animaux élevés comme le bétail, qui peuvent errer au-delà de leur enceinte et perturber l’écosystème local par la concurrence et les maladies.

Parmi les victimes, on recense les abeilles sauvages qui ont du mal à recueillir suffisamment de pollen et de nectar, mais également d’autres pollinisateurs comme les bourdons, les mouches et les papillons. En effet, une abeille active parcourt jusqu’à 10 km de sa ruche pour butiner, et ce pendant 9 à 12 mois. De ce fait, ces insectes domestiques peuvent consommer la totalité des ressources florales disponibles dans la région, ne laissant rien aux autres espèces. Les abeilles domestiques peuvent également transmettre des maladies à leur congénère lorsqu’elles se nourrissent sur les mêmes fleurs, ce qui constitue une réelle menace pour la biodiversité.

Une forte densité de colonie au kilomètre carré

Aussi étonnant que cela puisse être, les abeilles domestiques apprécient l’environnement citadin. Parmi les principales raisons de cette adaptation, les ressources en pollen et en nectar dans cet environnement sont généralement exemptes de produits chimiques dont l’insecticide et le pesticide. 

L’homme en pensant bien faire a du coup multiplié les ruches en ville, ce qui est même devenu une tendance et un symbole de bien-être. Bon nombre d’entreprises par exemple ont installé des ruches sur leur terrasse dans une optique de contribuer à l’écologie. Des sociétés spécialisées ont même vu le jour pour proposer d’installer des ruches en incluant les cadres, les extracteurs de miel… en bref, une ruche clé en main. Pourtant, l’abeille domestique qui peuple ces ruches, en l’occurrence l’Apis Mellifera, n’est autre que la championne en production de miel. En sachant qu’une colonie d’Apis Mellifera peut être constituée de près de 70 000 de cet insecte, les milliers de ruches de la ville de Paris par exemple, ne peuvent donc pas être bénéfiques à la biodiversité.

Le développement de l’apiculture urbaine est une bonne initiative en soi, mais faite de façon excessive, il ne contribue en rien à l’équilibre de l’écosystème. Les chiffres témoignent en tout cas de cette forte densité de colonie au kilomètre carré. Si en milieu naturel, la densité est de 3 ruches au km², en milieu urbain, il est évalué entre 10 et 15 ruches au km². 

La solution à la multiplication des ruches en milieu urbain

Il faut savoir qu’actuellement, nombreuses sont les villes qui ont commencé à faire machine arrière, conscientes qu’elles ont été un peu trop enthousiastes. La ville de Lyon est un des précurseurs de ce mouvement, suivi des villes comme Besançon, Metz ou Paris. En effet, la seule solution pour apporter un équilibre dans l’écosystème est d’arrêter l’installation de ruches en milieu urbain, voire même d’en retirer. En tout cas, la densité de ruche au kilomètre carré ne doit pas dépasser l’unité. Il est aussi primordial d’éclairer la compréhension du public qui est souvent alimenté par des campagnes de bienfaisance quelque peu mal avisées.